Notre chemin vers le Machu Picchu

Quand on évoque le Pérou, on pense spontanément au Machu Picchu. Cette citadelle inca du XVème siècle, découverte (ou plutôt re-découverte) dans les années 1910 par un archéologue américain, est exceptionnellement bien conservée et revêt une importance capitale pour les descendants des Incas.

A date, plusieurs théories coexistent sur l’utilité des différents bâtiments qui composent le site. Toutefois, les historiens et ingénieurs sont unanimes : avec les moyens dont nous disposons actuellement, il serait quasiment impossible de relever cet exploit architectural, ou seulement en dépensant des sommes dépassant plusieurs milliards d’euros.

Tout ceci participe à l’admiration que nous avons quand nous découvrons pour la première fois cet endroit, unique au monde.

Mais reprenons depuis le début…

Pour les raisons expliquées ci-dessus, nous désirions « mériter » notre découverte du Machu Picchu. C’est pourquoi, nous avons cherché dès notre arrivée à Cusco une agence organisant un trek de plusieurs jours, nous permettant de rallier l’ancienne capitale inca à ce site perché au milieu des nuages.

Le trek le plus demandé est celui qui emprunte le « Chemin de l’Inca » sur 4 jours. Impossible pour nous, celui-ci étant limité à un quota journalier qui exige de le réserver plusieurs mois à l’avance.

Les agences de Cusco ont bien compris l’intérêt de détourner ces quotas, et ont ainsi créé un trek alternatif de 5 jours, le « Salkantay Trek »; c’est celui que nous avons choisi de réaliser.

Moins prisé que le « Chemin de l’Inca », il est toutefois reconnu pour être plus difficile, fait près de 90 km et comporte 2 journées intenses d’ascension et de descente en haute montagne. Il traverse pendant 5 jours plus de 25 microclimats différents, le Pérou en comptant près de 80 sur les 105 existant dans le monde.

Nous sommes partis avec un groupe de quatre Espagnols originaires de Madrid (Ruben, Carlos, Alvaro, Ivan). Il faut avouer qu’à la base, nous aurions préféré (surtout Clémentine) avoir un groupe mixte et multilingue…Tant pis, cela constituera une bonne occasion d’améliorer notre espagnol. En réalité, leur compagnie était très agréable, nous avons bien ri ensemble, et les difficultés rencontrées pendant ce trek nous ont rapprochés. Le deuxième jour, nous avons été rejoints par Juan et Isabella, frère et sœur d’origine vénézuélienne vivant respectivement en Chine et à Miami (nous espérons vivement leur rendre visite plus tard !).

Pour compléter le groupe : évidemment, notre guide Lennin (surnommé « Papi ») et le meilleur cuisinier du Pérou, Lalo, un vrai magicien qui se lèvera quotidiennement à 4h du matin pour nous concocter des plats incroyables.

Voici une vidéo et un « petit » récit de ces 5 jours de trek, jusqu’à la découverte du Machu Picchu.

1er jour

Pour nous acclimater à l’altitude, cette journée se veut assez « courte ». Nous marchons entre 4 et 5 heures durant la matinée, ce qui nous permet de découvrir d’immenses vallées puis un lac qui exigera une ascension assez rude d’une heure. Le spectacle est magnifique…

En redescendant, nous découvrons notre premier camp et les talents de notre cuisinier Lalo ; pop-corn, pain chaud et autres friandises pour le tea time, puis un premier dîner riche et succulent : parfait pour nous préparer à la seconde journée, une des plus difficiles. Nous partons nous coucher à 20h.

2ème jour

Après une nuit passée sous une tente à 3 850 m, à des températures oscillant entre -10°C et -15°C, le lever à 5h30 est rude, d’autant plus que la douche chaude n’est pas prévue pour aujourd’hui.

Les choses sérieuses commencent…

Départ à 6h30 pour une ascension de plus de 3h afin de passer un col à 4 650 m et se retrouver au plus près du mont Salkantay, culminant lui à plus de 6 250 m.

Bien que balisé et emprunté par des centaines de personnes, le chemin nous « offre » des pierres peu stables qui se dérobent facilement sous nos pieds. L’usage des bâtons est très largement conseillé.

Au delà des jambes qui au fil des heures montrent quelques faiblesses, le manque d’oxygène peut également freiner l’ascension voire la stopper. Heureusement, nous avons la chance d’être acclimatés depuis plusieurs semaines.

L’arrivée en haut du col est un soulagement, la première victoire de l’équipe « Happy Lamas », comme nous a surnommés notre guide. Ce dernier profite d’une pause bien méritée pour nous expliquer la création de l’empire inca, et nous détailler ses croyances ; nous aurons même l’occasion de réaliser un rituel d’offrandes à la Pachamama. Mais, pendant ce break, le temps change très vite : le ciel bleu laisse place aux nuages denses et humides, quelques avalanches se font entendre… il est temps pour nous de repartir.

La descente est moins pentue et nous fait découvrir des paysages complètement différents ; nous avançons progressivement vers une végétation très dense, voire tropicale en fin de journée.

Nous arrivons après plus de 7 heures de marche au camp de Chaullway où les tentes et un bon dîner nous attendent… mais toujours pas de douche.

3ème jour

Journée« plus cool », nous partons toutefois dès 7h du matin pour une longue marche sur les flancs de montagne, dans un climat tropical. Heureusement, le départ se fait après un savoureux petit déjeuner composé d’un gâteau d’épinards et d’œufs brouillés. La chaleur n’attend pas que le soleil soit à son zénith pour nous ralentir en ce début de journée, mais les paysages sont somptueux et nous commençons à chantonner le refrain de « Jurassic Park » et d’« Indiana Jones ».

Nous arrivons à notre camp à l’heure du déjeuner ; celui-ci se situe sur le terrain d’un producteur de café, à l’écart des autres camps de marcheurs. L’après-midi sera consacrée à la visite de son exploitation s’étendant sur plusieurs dizaines d’hectares.

Nous apprenons ainsi à différencier les trois catégories de café qu’il cultive ; nous n’en retenons qu’une (la meilleure), l’Arabica. Les deux autres espèces sont destinées à des marchés de masse, notamment pour le Nescafé (« No es café », en français « ce n’est pas du café », comme le dit notre guide). Nous apprenons également que cette culture est étroitement liée à celle des avocatiers et bananiers qui permettent d’apporter aux caféiers, ombre et nutriments en quantités suffisantes.

Il nous montre comment le cueillir à la main, à la manière des péruviennes, qui pour un salaire journalier de 4 euros doivent ramener plus de 10 kilos de café par jour. Ensuite, vient le temps du séchage et de la torréfaction, opérations réalisées par des coopératives spécialisées. Nous aurons la chance de déguster un café fraîchement torréfié que Clémentine, pourtant peu amatrice, apprécie même s’il manque le petit carré de chocolat noir :-).

En fin d’après midi, nous avons l’opportunité de nous délasser dans des eaux thermales, naturellement chaudes (25°C)… puis, enfin, de prendre la douche tant attendue.

La quatrième journée propose une alternative : soit se reposer et se rendre sur le site d’une immense tyrolienne (moyennant toutefois un supplément) ou continuer notre trek et effectuer une ascension difficile qui nous permettra de découvrir en avance le Machu Picchu.

Reposés et frais, nous votons unanimement pour la deuxième option.

Nous partons nous coucher à 20h (comme d’habitude), car demain la journée risque d’être longue…

4ème jour

Lever encore une fois à 5h30, avec une bonne tasse de mate de coca chaud et le dernier petit déjeuner concocté par Lalo ; il s’agira pour cette fois d’un énorme gâteau crémeux à l’orange. Nous n’aurons jamais le secret de sa recette, sachant qu’il n’avait aucun four…

Nous partons pour plus de 3 heures d’ascension, dans une humidité très pesante (plus de 80%) et déjà 25°C à 7h du matin.

Au fil des heures, les marches creusées dans la roche se font de plus en plus irrégulières ; elles ont raison de notre rythme et de la régularité de notre souffle. Cette épreuve est vraiment difficile, nous arrivons en haut exténués.

Mais l’effort en valait la peine : en face de notre promontoire, se dresse au loin le Machu Picchu, accroché à sa crête, apparaissant comme par magie au milieu des nuages : une véritable récompense !

Le site que nous venons d’atteindre, nommé Llactapata, est constitué de ruines incas dont l’utilisation reste encore approximative : site de surveillance, de replis ou d’observation astronomique…nous ne saurons pas vraiment.

Après avoir dévoré notre snack matinal, nous attaquons maintenant la descente. Trois longues heures, tout aussi difficiles, sur des roches abruptes et un terrain glissant. Sympa !

Nous arrivons affamés à Hydroelectrica : heureusement pour nous, le déjeuner est très copieux et nous permet de repartir un peu plus en forme.

L’après-midi, nous retrouvons les nombreux marcheurs qui comme nous effectuent la petite randonnée de 3h qui longe les rails en direction d’Aguas Calientes. Cette ville située dans la vallée en bas du Machu Picchu, constituera notre dernière étape avant la découverte tant attendue du site.

Dernier jour

Le meilleur pour la fin. Nous nous levons à 4h pour nous diriger dès 4h30 vers le site du Machu Picchu. Après 1h30 interminable, faite de montée de centaines de marches, nous voilà enfin arrivés. Il est 6h du matin, heure de l’ouverture.

Transpirants et fatigués, nous nous mêlons tout naturellement aux autres visiteurs, reposés et tout juste sortis de leur bus… Mais, la fierté se lit sur nos visages, nous sommes heureux d’avoir accomplis tant d’efforts.

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La découverte du Machu Picchu se fait tout d’abord sous les commentaires de notre guide Papi, qui nous quittera 2h plus tard.

Puis, nous restons toute la matinée à nous promener dans les ruelles si bien conservées, et admirons ce qui reste du travail exceptionnel réalisé en 50 ans par des milliers d’hommes. Les roches taillées sur place s’emboitent les unes dans les autres, comme dans un jeu de Tetris.

Nous finirons par l’ascension de la montagne Machu Picchu, qui du haut de ses 3 082 m surplombe la cité sacrée. Mais, arrivés au sommet, nous touchons les nuages, si bien que le site est devenu invisible…Ce n’est pas grave, cela conclue merveilleusement nos 5 jours de trek qui nous auront permis de découvrir des lieux et personnes exceptionnels.

4 Responses to “ Notre chemin vers le Machu Picchu ”

  1. Bonjour,
    « Ce n’est pas le Pérou tout de même, tu peux le faire » !
    Cette expression de mon enfance a trouvé tout son sens en vous accompagnant dans votre trek.
    Merci de rester en bonne forme pour nous emmener sur ces chemins exceptionnels qui, sans vous, nous seraient interdits !
    Votre narration précise et détaillée, vos photos, votre vidéo, tout ça remplit de bonheur « la voyageuse sur place » que je suis en ce moment.
    J’aurais aimé partagé en « vrai » votre petit déjeuner ! Simplicité gourmande !
    Merci et à bientôt,
    Amicalement,
    Annie

  2. Bon avant de partir dans les bras de Morphée je voulais te dire que ta cape bleue te va à ravir !!!:-)
    Non plus sérieusement j espère sur tout va bien pour vous et surtout je te souhaite un très joyeux anniversaire ! Celui la tu ne risque pas de l oublier !!! Grosse biz à très vite …. Nico qui vous parle du fond de son lit 🙂

  3. Oui vous avez dû galéré à certains moment mais le spectacle est bel et bien là. Mais quels paysages! J’ai essayé de trouver un jet pour vous rejoindre mais je l’attends toujours… En attendant on voyage avec vous à travers tous vos petits récits 🙂
    J’allais oublié un message important: en ce 17 novembre, je te souhaite un très bon anniversaire Clem!!!! Des bisous

  4. comme vous le dites : ce site se mérite et vous vous êtes donnés les moyens et avez trouvé le souffle d’y parvenir merci de nous permettre d’en profiter bien calés dans nos fauteuils le nez sur nos écrans.

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