Cap sur la Birmanie

Nous quittons l’hémisphère sud, et mettons le pied pour la première fois sur le continent asiatique, sur le sol birman plus précisément. Avant de visiter la Birmanie ou Myanmar, nom donné au pays en 2010 par la junte militaire au pouvoir, nous nous imprégnons de l’actualité politique complexe de cette partie du monde.

La Birmanie est partagée en sept régions dominantes auxquelles s’ajoutent sept États correspondant à des minorités ethniques (pour la plupart en conflit avec la junte militaire). Le peuple Karen par exemple, vit dans le sud-est du pays et se bat depuis des décennies pour obtenir son indépendance. Une part significative des habitants de cette région fuit le régime birman chaque année et trouve refuge en Thaïlande, pays frontalier.

La carte ci-dessous, disponible sur le site du ministère des affaires étrangères français, indique en rouge les zones de tourisme déconseillées. Pour la première fois dans notre voyage, nous nous sentons contraints dans les lieux à visiter ; le pouvoir politique du pays semble définir pour nous un tracé à suivre.

 CARTE BIRMANIE

D’un point de vue historique, après trois conflits qui l’opposèrent à l’empire britannique, la Birmanie fut cédée le 1er janvier 1886 à la Reine Victoria.

Le pays regagna son indépendance en 1948, grâce aux actions menées par le Général Aung San.

Dès lors, les dictatures se succédèrent. En 1988, un important mouvement de protestation populaire renversa la dictature en place mais vit une nouvelle junte militaire, « le Conseil d’État pour la restauration de la Loi et de l’Ordre », prendre le pouvoir.

En 1990, des élections « libres » furent organisées et remportées à plus de 80 % par Aung San Suu Kyi, fille du Général Aung San et figure d’une opposition non-violente à la dictature militaire. Mais, les élections furent annulées pour « irrégularité » dans le scrutin. Aung San Suu Kyi n’accéda donc pas au pouvoir et pire encore, se retrouva placée en résidence surveillée, l’empêchant ainsi d’exercer toute activité politique.

Durant son isolement, elle bénéficia d’un important soutien international et reçut en 1991 le prix Nobel de la paix.

Elle fut libérée le 13 novembre 2010, après 20 ans passés à l’écart du monde, et fut élue députée le 1er avril 2012, lors d’élections partielles remportées par son parti.

Actuellement, le pays continue d’être dirigé par une junte militaire extrêmement autoritaire, souvent sanctionnée par la communauté internationale, qui définit également le pays comme l’un des plus corrompus au monde.

Toutefois, les effets de ces sanctions sont faibles. En effet, le régime en place continue de bénéficier d’investissements massifs provenant des pays asiatiques et même de certains pays européens, attirés par l’exploitation des nombreuses ressources naturelles du pays :

  • le gaz, largement exploité par la firme française Total
  • l’opium, qui fait de la Birmanie le second producteur mondial après l’Afghanistan
  • le teck, seconde ressource financière « officielle » du gouvernement birman, place le pays au premier rang des producteurs mondiaux
  • les minerais tels le cuivre, l’étain et l’or
  • les pierres précieuses comme les rubis, les saphirs, les perles et les jades. Pour alimenter ce commerce, le gouvernement s’appuie sur des partenariats illégaux, empêchant ainsi de retracer les mouvements d’argent liés à ces transactions qui représentent plusieurs milliards d’euros.

Dans ce contexte, il est légitime de se demander s’il est éthique et facile de voyager dans ce pays sans apporter de soutien financier à la dictature.

Pour notre part, nous décidons de découvrir les zones ouvertes au tourisme en privilégiant l’économie locale (guesthouses, épiceries de proximité, marchés, bus et taxis) afin que notre argent parvienne majoritairement à la population birmane.

C’est à Yangon, capitale économique du pays, que nous atterrissons et débutons notre découverte du pays.

Dans ce contexte politique, nous sommes très rapidement surpris par l’atmosphère agréable et dynamique qui émane de la ville.

Que ce soit dans les rues bordées d’immenses édifices victoriens, au milieu des temples bouddhistes, dans les parcs pris d’assaut lors de la pause déjeuner, ou dans les marchés, nous ne ressentons pas le poids des mesures qui pèsent sur le quotidien des Birmans et nous sentons en sécurité.

Précisons tout de même que la Birmanie est l’un des pays les plus sûrs en Asie pour voyager, la peine encourue pour vol ou agression sur un touriste y étant extrêmement lourde.

Au fil de nos promenades, nous remarquons également un véritable engouement des Birmans pour la présence de touristes, à tel point que nous les surprenons à nous suivre et à nous solliciter timidement pour poser avec eux sur des « selfies », jeu auquel nous nous prêtons, amusés.

La découverte de Yangon commence par le quartier animé de Chinatown, à quelques pas de notre guesthouse.

Puis, nous nous rendons dans l’un des plus importants lieux de culte bouddhistes, la Shwegagon Pagoda. Plus ancienne pagode du monde, contenant selon la légende huit cheveux du Bouddha Gautama, elle est le premier centre religieux de Birmanie.

Composé de plusieurs dizaines de temples et de plus petites pagodes, le site accueille quotidiennement des milliers de pratiquants et moines venus en pèlerinage.

A la tombée de la nuit, les innombrables illuminations et bougies disposées sur les autels et au milieu des esplanades confèrent au lieu un aspect mystique très présent.

Nous finissons la journée dans le « People’s park », chanceux d’assister à un spectacle en plein air de danses traditionnelles et de scénettes costumées dont nous ne comprenons évidemment pas toutes les subtilités 🙂

Le lendemain, nous découvrons le marché de Bogyoke et terminons la journée à nouveau dans le quartier de Chinatown où nous dégustons de délicieuses brochettes au barbecue.

Le jour suivant, rendez-vous matinal à la gare de Yangon pour nous échapper de la ville ! Après un petit déjeuner pris à la hâte sur le quai, nous montons à bord d’un train d’un autre temps et traversons les villages et marchés de banlieue sur la voie entourant la ville. Nos compagnons de voyage, constamment sollicités par des vendeurs à la sauvette semblent encore une fois étonnés et amusés de notre présence.

De retour à notre auberge, nous rencontrons Raymond et Raphaël, deux Français tout juste sortis d’un stage de méditation se déroulant dans la banlieue de Yangon. L’entrain avec lequel ils nous en parlent et la sérénité perceptible sur leur visage nous interpellent au point de nous donner très envie de vivre à notre tour cette expérience.

Pour nous renseigner davantage sur cette méthode de méditation, nous partons plusieurs heures à la recherche d’un cyber café, internet étant très peu accessible et largement contrôlé dans le pays. Un stage commençant dès le lendemain, nous confirmons avec quelques difficultés au téléphone notre volonté d’y participer et annulons la dernière nuit dans notre guesthouse.

Nous plongeons tête la première dans cette nouvelle aventure qui marquera un véritable tournant dans notre voyage…

2 Responses to “ Cap sur la Birmanie ”

  1. Coucou Clem et Fabien,

    Je découvre à mon retour de vacances en Sicile votre reportage sur la Birmanie que j’ai « décortiqué » puisque j’y suis allée il y a quelques années. La junte militaire paraît encore très présente (avantage pour les touristes, vous voyagez en toute sécurité), en Sicile le souffle de la mafia existe toujours mais le club Med nous protège de cet état de fait.
    Votre grande boucle va bientôt se terminer, quelle expérience à narrer à votre retour.
    Je pense bien à vous, je vous embrasse.

  2. FUJII Annie

    Bonjour,
    Me voilà de retour sur votre blog.
    La vie à Rangoon, semble un peu chaotique, mais on peut penser que le bouddhiste Birman arrive à y trouver un équilibre harmonieux entre les lieux de culte et son quotidien mouvementé et difficile.
    En espérant que votre plongeon dans la méditation ne vous a pas mis la tête à l’envers !
    AH AH AH !!!
    À bientôt,
    amicalement,
    Annie

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