Sur les traces des Moaï

Nous terminons notre découverte de l’Amérique du sud à 3 700 km de Santiago sur une île perdue au milieu du Pacifique, l’île de Pâques, nommée « Rapa Nui » par ses habitants (que l’on appelle aussi des « Rapanuis », en un mot, et qui parlent le « Rapa Nui » en deux mots… C’est plus simple comme ça !).

Cette île redécouverte le jour de Pâques par un explorateur néerlandais, appartient aujourd’hui au Chili. Au début du 19ème siècle, en très peu de temps, la population des 2 500 Rapanuis diminua fortement au point de presque disparaître, victime du commerce de l’esclavage avec le Pérou et de maladies ramenées du continent par les colonisateurs.

A l’inverse de la nature luxuriante et sauvage qui peuple de célèbres îles du Pacifique, l’île de Pâques est couverte de vallées immenses, très peu arborées. Cette particularité s’explique par la présence unique et mystérieuse de statues gigantesques, les Moaï.

Ces statues pouvant mesurer jusqu’à 12 m et peser jusqu’à 75 tonnes, sont présentes de manière éparse sur l’ensemble de l’île. De nombreuses théories s’accordent sur le fait qu’elles représentent des ancêtres divins, érigés auprès des côtes et regardant vers l’intérieur des terres pour protéger les tribus habitant à proximité. Toutefois, le mystère qui entoure ces géants de basalte demeure, notamment sur la façon dont ils ont été taillés et surtout déplacés.

A peine sortis de l’avion, nous sommes accueillis avec des colliers de fleurs par notre hôte Ariki. Après ce chaleureux moment, nous décidons de partir marcher dans l’unique village, Hanga Roa, A la vue des nombreuses agences de plongée, loueurs de voitures ou autres boutiques de souvenirs, nous comprenons rapidement que le tourisme est l’activité économique principale des Rapanuis.

En s’éloignant des quelques rues constituant le « centre » du village, nous partons à la découverte des Moaï les plus proches. Ce ne sont pas les plus grands que nous verrons, mais la présence unique d’yeux en corail sur l’un d’entre eux, marque nos esprits.

 

En fin de journée, après la découverte d’un cimetière surplombant la mer, envahi de magnifiques fleurs jaunes, nous nous installons pour admirer l’un des plus beaux couchers de soleil auquel nous avons eu l’occasion d’assister.

En soirée, nous avons la preuve que les Moaï et les Rapanuis ne sont pas les seuls habitants de l’île. La chaleur humide ajoutée à la présence de nourriture dans notre chambre et dans la cuisine de l‘auberge, ont attiré des dizaines de blattes que nous avons tenté de chasser pendant plus d’une heure. Emmitouflés dans nos sacs de couchage, nous décidons dès le lendemain de changer d’auberge…

Paradoxalement, ce logement était le seul que nous avions réservé deux mois à l’avance sur l’ensemble de notre voyage et le seul que nous quitterons précipitamment. La nouvelle chambre trouvée à la hâte dans un camping surplombant la mer nous donnera entière satisfaction !

Les 3 jours suivants, nous partons à vélo pour visiter l’île et aller à la rencontre des Moai.

Une première boucle dans l’intérieur des terres, nous permet de découvrir des Moaï rénovés au début du siècle. Le respect de cet héritage nécessite de ne pas s’approcher des statues ni de piétiner les « Ahu », plateformes immenses sur lesquelles ils se dressent fièrement.

Nous avons aussi l’occasion de trouver sur notre chemin de nombreuses cavernes et caves dans lesquelles les plus modestes Rapanuis vivaient. Les membres des castes les plus hautes occupaient quant à eux des maisons de plusieurs dizaines de mètres de long, très étroites et construites près des Moaï.

 

Puis l’ascension du mont Terevaka, nous permet de surplomber l’île et d’apprécier à 360 degrés sa position isolée au milieu de cet océan infini.

Nous nous rendons ensuite à Arakena, l’unique plage de l’île, accompagnés de 2 Rapanuis rencontrés sur la route. Magnifiquement agrémentée de palmiers importés de Tahiti, nous profitons d’une journée ensoleillée et d’une mer à plus de 25 degrés ; notre premier bain inoubliable dans le Pacifique. Cette plage nous offre également l’occasion de nous initier à l’ouverture des noix de coco. Un Ranger du parc, curieux de voir notre méthode empruntée des épisodes de Koh Lanta, nous donne quelques leçons… En rentrant, on s’inscrit au casting !

Le soir, nous complétons notre découverte des mystères de cette île en assistant à la projection du film « Rapa Nui » produit par Kevin Costner. Un film sans trop d’intérêt pour les non passionnés de l’île, mais qui dans notre contexte, nous a bien plu, d’autant plus que nous étions seuls dans la salle !

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Après 3 jours de vélos qui auront eu raison de nos corps très engourdis, nous décidons de nous offrir une journée de location de quad pour compléter notre périple. Nous en profitons pour assister dès 5h30 du matin, au lever du soleil de l’autre côté de l’île. Premiers arrivés sur le site, c’est un des moments les plus incroyables que nous offrira l’île de Rapa Nui. Nous ne sommes pas prêts de l’oublier !

L’après midi, nous nous rendons sur l’unique carrière de l’île, « l’atelier » des Rapanuis sculpteurs de Moaï. Nous y découvrons stupéfaits, des centaines de statues partiellement enfouies, voire même encore accrochées sur la falaise. Le visage et le buste de ces géants étaient taillés directement dans la roche, puis la statue était « arrachée » de la falaise par la taille de son dos.

Après l’avoir soulevée, déplacée et érigée sur la plateforme, les sculpteurs réalisaient les finitions (comme les yeux).

 

Enfin, nous terminons notre journée par des sites incroyables qui présentent des Moaï couchés et pour la plupart détruits, suite aux différentes révoltes qui éclatèrent entre les tribus au sujet du partage des cultures.

Le dernier jour, nous avons la chance d’assister à la messe dominicale dans la seule église de l’île. Au delà des couleurs vives et des motifs fleuris qui habillent les Rapa Nui en ce dimanche d’avant noël, nous seront marqués et émus par les chants mélodieux qu’ils entonnent avec ferveur, dans leur langue natale, au son des ukulélés et accordéons.

Dans l’après midi, nous décidons de gravir à pied les pentes du volcan Rano Kau pour accéder au site d’Orongo . Surplombant le cratère du volcan d’un côté, avec une vue directe sur la mer de l’autre, cet ancien village était constitué de maisons construites spécialement pour accueillir les spectateurs et juges d’une épreuve annuelle cruciale pour les Rapanuis, l’épreuve de « l’homme oiseau ».

Après les révoltes qui conduisirent à la fin des sculptures des Moaï, la population survivante mit en place de nouvelles traditions pour préserver les ressources restantes. L’épreuve de « l’homme oiseau » permettait ainsi au représentant de la tribu gagnante de veiller à la distribution des ressources de l’île entre les clans pour une année. Les représentants de chaque tribu devaient tout d’abord descendre une falaise à pic, puis après une nage de plus de 2 km dans les courants du Pacifique, ils atteignaient un îlot situé en face de Rapa Nui. Ils y cherchaient alors l’œuf d’un oiseau migrateur, le sterne, une hirondelle des mers. L’attente et la recherche d’un œuf pouvait durer jusqu’à plusieurs semaines ! Le gagnant était celui qui revenait en premier au village, avec son œuf intact.

Cette épreuve ainsi que les efforts inhumains de milliers d’hommes pour ériger les Moaï, démontrent le respect et le dévouement incontesté des Rapanuis pour leur culture.

 

La semaine passée sur cette île mystérieuse nous a marqués profondément et clôture la première partie de notre tour du monde, dédiée à la découverte de l’Amérique du sud.

Nous quittons avec un pincement au cœur ce continent et ses habitants, avec en tête les innombrables paysages et rencontres inoubliables qu’ils nous ont offert.

Direction maintenant la Nouvelle-Zélande pour un autre voyage…

 

5 Responses to “ Sur les traces des Moaï ”

  1. Beaucoup de belles émotions ressenties en découvrant cette étape.
    Je suis émerveillée par le mystère des statues et des hommes qui les ont façonnées, déplacées, tirées, et hissées, j’ai ressenti une joie simple à l’écoute du chant religieux de la fin de la vidéo, et comme toujours j’ai eu beaucoup de plaisir à vous suivre, vous qui semblez aller d’étapes en étapes le coeur et le pas toujours légers ! Je vous ai suivis jusque dans ces superbes levers et couchers de soleil.
    Mille mercis,
    Amicalement,
    Annie

  2. Para para…paradise ohohohhhhh

  3. Encore et toujours un reportage intéressant qui nous laisse à voir et à entendre sur ce bout du monde, qui ne nous a toujours pas révélé le mystère de ces sentinelles observatrices impressionnantes, belles captures sur ce lever et coucher de soleil.

  4. Merci pour ce reportage et ces photos,j’aimerais bien être avec vous tellement c’est beau, bonne suite de découvertes, Bizoo Géraldine

  5. Des images et des vidéos à couper le souffle! Les paysages s’y prêtent, mais à la lecture de vos commentaires et de vos réalisations techniques, vous êtes désormais dignes de grands reporters…Vite, la suite des prochains épisodes!